Didier LE GALL est né en 1965. Il s’est installé au Cannet, sur la hauteur de Cannes, en 1985. Il possède une sensibilité artistique depuis son enfance. Musicien, il a intégré différentes formations musicales de culture Rock. Il dessine et peint. A cette époque, il rencontre Bernard Lavigne, de son nom d’artiste GRAP, Jean-Claude Le Malin (rip 2010), et Antoine Lopez. Une complicité naturelle les réunit et il apprend vite au contact de ses trois amis, si différents et pourtant si proches dans leurs valeurs. Un seul mot d’ordre: peindre avec ses tripes, surtout ne pas réfléchir, sortir des cadres et suivre le chemin de la figuration libre ouvert par Combas et Di Rosa. Bernard est écorché vif, Jean-Claude désapprend une technique époustouflante apprise à l’école des Arts appliqués, Antoine ne peint qu’avec des supports récupérés et de la peinture de récupération trouvée dans les poubelles: « comme ça tu es libre, tu n’as pas peur du support ». Avec ces trois là, c’est des cours d’histoire de l’Art en permanence, de la peinture ancienne à Jean Michel Basquiat, à l’époque connu en France de seulement quelques initiés.
Le 14 Aout 1988, dans le cadre des festivités des cent ans de la côte d’azur, le maire de la municipalité du Cannet leur offre le mur du terrain de pétanque de la place Bellevue comme support d’expression. Le mur est recouvert d’une toile et peint par les artistes devant un public médusé, sauf les enfants qui participent. Didier Le Gall à la guitare électrique et Eric Lisbonne au saxophone partagent rythmes brésiliens puis rifs saturés et envolées freejazz au rythme des pinceaux endiablés. Première d’une belle série de performances.
*********************************************************************************************************
Deux mois plus tard, Madame Renée Carrière, décoratrice au 347 rue Saint Sauveur au Cannet, crée une exposition temporaire pour les artistes avec un vernissage qui dura toute la nuit avec de nombreux visiteurs, les murs s’en souviennent encore…et les habitants du quartier aussi! Pour la peinture, acrylique, trois couleurs primaires rouge jaune bleu, du blanc et du noir, pour les supports, craft, vieux draps, volets des magasins des voisins, avec leur accord, pour la musique, rock mélangé free jazz…avec beaucoup de décibels.
*********************************************************************************************************
A la même époque, les responsables de la Maison des Jeunes et de la Culture de Cannes cherchent une idée originale pour fêter la réouverture du Studio 13. Les trois artistes proposent l’emballage du bâtiment en un gros paquet cadeau, puisque les fêtes de Noël approchent, et font un clin d’œil complice à Cristo. Comme Bernard et Didier pratiquent l’escalade et la spéléo, le montage est réalisé en technique sur cordes…
*********************************************************************************************************
Durant ce temps, Didier Le Gall peint, il dessine également beaucoup.
Un nouveau compère apparaît en cette fin d’année : Bena. Il est percussionniste et surtout il filme et réalise le montage de documentaires. Jean-Claude a été filmé sur la croisette de Cannes en train de faire la manche avec sa voiture entièrement repeinte par ses soins, Bernard en train de peindre un tableau suspendu en rappel à une corde en falaise, Didier en train de peindre dans son atelier. A l’Abbey Road, Ben Vautier est associé à la fête et la rencontre est décisive, il flashe sur deux tableaux des quatre que Didier a exposé et les lui achète, 1000 francs les deux, une aubaine, une fierté et surtout une reconnaissance et un énorme encouragement. Didier devra les lui livrer chez lui, route de Saint Pancrace, et emmener l’ensemble de son travail, Ben veut en voir plus. Une autre condition, dans le tableau « je te hais aucun salut pour ton âme », qu’il a acheté, il y a une cigarette écrasée dans un œil du sujet, est-ce qu’il peut en rajouter une deuxième dans l’autre œil ? Réponse: oui bien sûr !
*********************************************************************************************************
*********************************************************************************************************
********************************************************************************************************
Le 7 décembre 1988 en Arménie, un séisme d’une magnitude de 6,9 sur l’échelle de Richter provoque une catastrophe humanitaire provocant la mort de 25000 à 30000 personnes, 15000 blessés et plus de 500000 personnes sans abri. Des mesures d’aides ont été mises en place pour aider les sinistrés, particulièrement celles de la communauté internationale Arménienne. La ville de Nice a organisée un gala de soutien avec reversement du prix des places d’entrée, appel de dons, et mise en vente aux enchères d’une toile peinte pendant un défilé de mode, performance réalisée par Jean-Claude Le Malin, Bernard Grap, Antoine Lopez et Didier Le Gall. D’après le souvenir de ce dernier, la toile avait été achetée par un généreux restaurateur Marseillais.
*********************************************************************************************************
*********************************************************************************************************
Suite à leur rencontre, Ben, emballé par le travail de Didier, lui propose d’exposer à l’espace Forum, promenade des Anglais à Nice. En présence d’amis, de peintres contemporains, de journalistes et de figures de l’art de la côte d’Azur, le vernissage, sous l’impulsion de Ben, a vite pris le débat qu’il affectionne tant: qu’est ce que l’art, est-ce que l’art doit être beau, qu’est-ce que la beauté, a -t-elle un sens, une fonction, l’égo de l’artiste, l’artiste se copie-t-il lui même, le prix de l’art etc.. un cour d’histoire de l’Art magistral donné par l’ illustre représentant du mouvement Fluxus avec Marcel Duchamp et les dadaïstes, invisibles mais présents dans l’intemporalité. Un vernissage de Ben est un « pour ou contre » , passage obligé pour tous les artistes exposés. Comme ses prédécesseurs, Didier na pas été ménagé…Un tableau a été censuré par le groupe Casino, propriétaire de lieux, « toi et moi » a été jugé trop osé, et pouvant choquer…
Au décrochage, Didier récupèrera de nombreux tableaux abimés, des morceaux de polystyrène arrachés, et aucun tableau vendu. Croisé dans une allée de la foire Art Jonction quelques temps plus tard, Ben lui a déclaré devant une assistance médusée: « Le Gall, tu détiens le record de lettres d’insultes pour une exposition, plusieurs centaines » !!!
A suivre…